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Le message est clair : l’industrie automobile a l’énorme tâche de réduire de 40% d’ici 2030 les émissions de CO2. Pour ce faire, une diversification de l’industrie automobile est nécessaire, incluant notamment le développement d’énergies alternatives. Déploiement de bus à hydrogène en Île de France, flotte de taxis roulant à l’hydrogène à Paris, la France adopte petit à petit l’hydrogène comme nouveau moyen de verdir ses flottes. L’État a également débloqué 90 millions d’euros pour soutenir la filière. Le véhicule à hydrogène est-il en passe de surpasser l’électrique ?
Comment ça marche ?
De par son réservoir à remplir, nombreuses sont les personnes qui pensent que la voiture à hydrogène est plus proche de la voiture thermique que de la voiture électrique. En réalité, la plupart des voitures à hydrogène ne sont pas si différentes des voitures électriques. Il n’existe pas de moteur à hydrogène à proprement parler. Les voitures à hydrogène utilisent le même type de moteur que les voitures électriques à batterie. Hormis que celle-ci produit elle-même son carburant en convertissant l’hydrogène en électricité à l’aide d’une pile à combustible pour alimenter le moteur.
Des avantages ?
Pas de rejets de gaz à effet de serre, pas de bruit, pas de vibration, pas d’à-coup pour la conduite, la voiture à hydrogène reprend les mêmes avantages qu’un véhicule électrique ! En effet, une voiture à hydrogène ne rejette qu’une seule chose : de la vapeur d’eau !
Son avantage majeur ? Une autonomie de route plus importante et un temps de recharge record équivalant aux voitures thermiques ! 5 minutes de recharge pour 500 km d’autonomie !
Comparé au véhicule électrique, « le ministre de l’Environnement singapourien voit également l’hydrogène comme une meilleure option dans la lutte contre les émissions de carbone. En cause, la production des batteries des VE et leur recyclage lorsqu’elles sont en fin de vie qui, au final, pourraient avoir une empreinte carbone élevée, selon certaines études. » Source
… mais pas seulement !
Non seulement les voitures à hydrogène coûtent plus chères à l’achat (entre 40 000€ et 80 000€ selon le modèle), mais le plein est également plus cher ! En effet, l’hydrogène requiert plus d’énergie pour être produit, ce qui augmente le prix à la pompe : 15€ par kilo !
Si l’on compare la recharge en électricité d’une Tesla, le prix moyen du plein varie entre 10 et 15 euros pour une autonomie de 500 km. A contrario, le plein d’hydrogène compressé sur la Toyota Mirai pour la même autonomie s’élève à 75 euros. Une différence de prix non négligeable pour obtenir un gain de temps sur la recharge !
Pour compléter le tableau, très peu de véhicules à hydrogène sont en circulation actuellement en France. Le nombre de stations-service fournissant de l’hydrogène est donc très petit : 78 stations sont opérationnelles en France selon la carte Vig’Hy de France Hydrogène. Inversement, comme il existe peu de stations-service, la demande en véhicules à hydrogène est faible.

A cause d’un trop grand nombre de zones dépourvues de stations de remplissage en hydrogène, les constructeurs automobiles ont jusqu’à présent ralenti la commercialisation de ces véhicules. De plus, contrairement aux véhicules électriques, l’installation d’un poste de ravitaillement en hydrogène chez soi n’est pas non plus une option, ce qui limite encore le déploiement.
L’industrie automobile a également beaucoup investi dans l’amélioration de la batterie des voitures électriques classiques. À mesure que la gamme de véhicules électriques à batterie augmente et que les temps de recharge diminuent, le principal avantage concurrentiel des véhicules hydrogènes à pile à combustible s’érode, avant même qu’ils ne se présentent réellement sur le marché !
Zéro émission, vraiment ?
« Si les véhicules à hydrogène présentent une autonomie très supérieure et un temps de charge équivalent à un plein de gasoil, ils ont en revanche une efficacité énergétique encore insatisfaisante. » Source
En effet, bien que leurs pots d’échappement ne dégagent pas de gaz, le processus de fabrication de ce type de véhicule entraîne toujours le rejet de CO2 dans l’atmosphère.
En effet, la production d’hydrogène repose aujourd’hui à 96% sur les énergies fossiles. On estime à 13 tonnes la quantité de CO2 rejetée dans l’air pour la fabrication d’une tonne d’hydrogène selon le Plan Hydrogène dévoilé par le gouvernement en juin 2018. Les véhicules à hydrogène émettraient donc indirectement environ 130g de CO2 par km, une quantité supérieure aux véhicules thermiques (112g/km).
La solution ? Concentrer les efforts de production de l’hydrogène sur des méthodes de fabrication d’énergie 100% clean telles que l’hydroélectricité, l’énergie solaire ou encore l’énergie éolienne. Lorsque ces méthodes seront adoptées, nous pourrons considérer les voitures électriques et les voitures à hydrogène comme des véhicules parfaitement écologiques et non polluants.
Où en est-on aujourd’hui ?
Bien que les voitures électriques aient un avantage considérable dans l’industrie automobile actuelle, un certain nombre de constructeurs s’engagent, malgré les obstacles, dans le développement des voitures hydrogènes à piles combustibles. Toyota, Honda ou encore Hyundai ont déjà commencé à commercialiser plus de 12 000 voitures hydrogènes. Renault (avec la Kangoo ZE H2), Mercedes (modèle GLC F-Cell), Audi (avec la H-Tron) ou encore BMW (i Hydrogen Next) se sont également penchés sur le sujet comme alternative au 100% électrique.
Le soutien de l’état à la filière hydrogène se poursuit également. L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) a annoncé le financement de différents projets de mobilité à hauteur de 90 millions d’euros :
- Déploiement de plus de 43 stations à hydrogène en France (pour un objectif de 100 en 2023)
- Construction de 158 poids lourds fonctionnant à l’hydrogène
- Développement du réseau de bus à hydrogène dans différentes métropoles (Dijon, Lyon, Montpellier, Châteauroux)
- Aide aux entreprises privées
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